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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/155

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son chemin. Turc suivait, l’oreille basse, la queue entre les jambes, très penaud, c’est incontestable.

— J’ai peut-être été un peu dur pour Turc, songeait le chevalier. Le sort de cette hirondelle est assurément un présage de celui qui m’attend au château de Vilanel. Turc n’était que le truchement de la Providence. Allons, viens, fit-il, je te pardonne. Mais, vois-tu, je ne suis pas aujourd’hui dans mon assiette ordinaire.

A ces paroles, Turc se mit à sauter en poussant des gémissements de joie jusque sur la poitrine du chevalier.

— Mais non, mais non ! tu l’entends mal, lui criait celui-ci en riant. Tu fais pour m’attendrir des jeux de mots atroces. Assiette est là pris au figuré et non pas dans le sens que tu désires.

Tout à coup Turc dressa les oreilles. Une cloche venait de sonner parmi les arbres, qui annonçait le voisinage du château.

— Tu le vois, je suis attendu. C’est la cloche du déjeuner. Tous les ans, à pareille date, mon couvert est mis là, chez cette excellente comtesse de Vilanel. On attente à ma liberté par des mets succulents ; on met ma raison à l’épreuve de la truffe. Tu as bien raison d’aboyer, car qui sait si ce beau soleil ne doit