Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/158

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comtesse et, lui prenant doucement la main, il lui avait parlé de la sorte :

— L’illusion, noble dame, habite vos yeux charmants. Écoutez-moi : je suis bon tout au plus à faire un ami passable, Dieu m’ayant créé vieux garçon pour l’éternité. Le célibat est pour moi non seulement une vocation violente, mais une condition même d’existence. Il est des gens qui naissent « quatrième au whist » et je suis de ces gens-là. J’ai des manies coriaces, des habitudes de chat-huant, sans parler de mon caractère qui m’est parfois insupportable à moi-même. Joignez à cela une aversion folle pour tout ce qui est indissoluble et jugez si je puis être pour vous l’époux rêvé !

Et Mme de Vilanel, souriant tristement, lui avait répondu :

— J’attendrai !

Mot charmant qui avait versé dans l’âme du chevalier des torrents écumeux de perplexité. Puis, en le reconduisant jusqu’à la grille, elle avait ajouté :

— Je n’ignore point, monsieur, que désormais je ne vous verrai plus. Tous vos efforts vont tendre à m’éviter ; les hommes sont ainsi. Je vous demande donc une grâce dernière ; mais permettez-moi de me l’accorder. Nous