Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/160

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— Toujours charmante balbutia-t-il, en l’abordant.

— Et vous toujours exact ! fit-elle ; merci. Un somptueux déjeuner était préparé dans la grande salle. Le chevalier offrit son poing ganté à la comtesse, et tous deux prirent place sur leurs fauteuils à grands dossiers.

Le soleil éclatait magnifiquement sur un riche surtout d’argent et rebondissait des ciselures jusqu’aux tapisseries à fond blanc ou des chasses royales alternaient avec de fraîches bergeries. Douze portraits d’aïeux prolongeaient jusque dans la pénombre de la haute cheminée seigneuriale leur fière procession d’hommes vaillants ou fameux, à chacun desquels l’ovale du cadre formait comme une auréole d’or, et, dans les glaces, se multipliaient à perte de vue. Au travers des grandes fenêtres, on voyait se dérouler un parc aux arbres séculaires, aux gazons semés de corbeilles fleuries, aux allées profondes, et dans la pièce d’eau se refléter, nette et tremblante, la silhouette du vieux château Louis XIII. Le printemps envoyait aux convives ses plus doux arômes et ses plus magiques harmonies auxquels se mêlaient les senteurs également suaves des rôtis appétissants ; et, par-dessus tout cela, la com-