Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/172

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vres. Après quoi, elle se rendait au Louvre, le musée, s’entend celui « où l’on ne va jamais, on ne sait pourquoi », puis, après une lente promenade le long des quais de la Seine, « le plus beau paysage du monde », elle rentrait, vertueuse, au logis, y tirait le verrou de la porte, et seule, bien seule avec Pepetta, s’attablait goulûment devant le balthazar strictement composé de mets à la provençale.

— Tout à l’ail, rien qu’à l’ail, aujourd’hui l’on pue, lançait la petite macaque séparatiste, nous sommes dans le bastidon ! Zut pour les hommes !

Et l’aïoli de succéder à la brandade, puis la divine bouillabaisse, dont les ambroisies se mêlaient en un concert de gueule digne des anges.

— Ah ! que c’est bon ! ça sent Marseille !

— Dis qu’on y est !

— Je vois le port.

— Moi, le cours Belzunce.

— Ça vous remet du Nord.

— Une cigarette là-dessus, et madame n’a plus qu’à se coucher et dormir.

— Seule, Pepetta, pour ma fête !

L’un de ces soirs fériés pourtant elle avait dû forfaire à sainte Aldine. Malgré les ordres donnés, le prince avait franchi la porte, et il avait