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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/173

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bien fallu le recevoir, les futurs rois n’étant pas de ceux qu’entrave une consigne. Il avait d’ailleurs annoncé sa visite par un splendide bouquet dont les fleurs jonchaient les cassolettes de l’aïoli et les brûle-parfums de la brandade.

— Tant pis pour lui, qu’il entre, fit Géraldine qui tout de même s’était tamponné la bouche d’un mouchoir parfumé.

Dès le seuil, Omar pensa tomber à la renverse. L’atmosphère était pestilentielle. Il s’avança néanmoins, très pâle, et avec sa souriante galanterie levantine, il s’excusa de son indiscrétion par la nécessité où il était de courir en Chaonie le lendemain, par le premier train, à cause d’une révolution très drôle, où du reste il risquait sa tête, comme dans les opérettes. Il n’avait donc pas voulu disparaître à l’anglaise sans dire adieu à ceux ou celles qu’il aimait, et l’ayant vue, à l’église, derrière un pilier, si désemparée devant le tronc des pauvres, il la priait, en souvenir du prince Écrevisse, de vouloir bien distribuer dans sa paroisse un reliquat de liste civile, qu’il perdrait certainement au jeu s’il retardait son départ d’un jour, et qu’il avait laissé en entrant sur la banquette de l’antichambre.

Ce disant il vacilla et perdit connaissance,