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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/174

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car l’odeur de l’ail lui arrachait l’âme par le nez et c’était la chose dont il avait le plus horreur au monde.

Lorsqu’il revint à lui sous les sels et dans l’aération des fenêtres, Géraldine l’éventait doucement, et ne savait que lui dire.

— Je vous aime, murmura-t-il, adieu, vous ne m’aimez pas.

Puis il se leva pour s’en aller. La bonne fille était fortement troublée par cette déclaration à voix douce dont un regard ardent, et d’elle bien connu, confirmait la véracité.

— Monseigneur, fit-elle enfin, c’est beaucoup d’honneur…. Je ne demanderais qu’à vous croire…. Mais l’amour, cela se prouve… même à nous autres.

— Que dois-je faire ?

— Eh bien ! embrassez-moi ?

Et elle lui tendit les lèvres, gouffre rose de brandade. Tacoman V s’y jeta et il y a laissé son âme. C’est l’acte le plus brave de sa vie, sinon de son règne, qui ne commença que le surlendemain.