Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/180

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— Oh ! Bricolet, j’en ai soupé, et on ne laisse pas mourir un homme, c’est ça que le bon Dieu ne veut pas !… A tout à l’heure.

Lorsque, conduite par Violier, elle arriva au logis de Muzarègne, elle voulut entrer sans retard ni préparation, comme on va au devoir, tout droit. Le moribond était couché, et de chaque main, il tenait un tronçon de sa traversière d’argent.

— C’est moi, sourit-elle, vous ne pouviez donc pas me le dire ?

Et soulevant sa voilette, elle s’assit au pied du lit, rayonnante d’être aimée, la bonne Géraldine, comme il faut l’être.

— Ainsi, tu m’aimes ? murmura-t-elïe.

Le contrefait s’était dressé sous le tutoiement, devant l’apparition et dans ses yeux aux regards croisés, une flamme courut, extraordinaire, comme celle qui danse sur les marais. Puis sa bouche s’ouvrit en fleur de béatitude, et il retomba, dénoué de son âme et consolé.

— Trop tard, gémit la courtisane, mais ce n’est pas ma faute, voyons !

Et elle le couvrit de baisers perdus.

Comme l’artiste était sans famille et presque sans relations, ce fut elle qui le mena au cimetière où elle lui acheta une concession dont,