Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/181

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jusqu’à son dernier jour, elle entretint le jardinet. Elle avait fait ciseler par le marbrier une flûte brisée sur la dalle funéraire. On l’y voit encore sous le lierre.

De cet amour trop pusillanime, car Dieu veut qu’on ose aussi, et le seul qu’elle n’ait pas couronné, Géraldine fut toujours hantée, même et surtout aux heures brillantes de sa carrière aspasienne. Il lui cuisait au cœur comme un remords. Il creusait un trou noir dans sa vie de bacchante. Il y avait au paradis un homme qui l’avait non seulement désirée, mais aimée, elle, elle, et qu’elle n’avait pu rendre heureux ! Lorsque je la voyais triste, la pensée vagabonde dans le vide, hors des choses et des jours, et que je l’interrogeais sur sa mélancolie, elle dégrafait son peignoir, et, les yeux mouillés de larmes, elle disait :

— Regarde, poète, regarde !