Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cédaient ni l’un ni l’autre. Géraldine, pour le sauver, alla jusqu’à recourir à la fuite. Il la rattrapa à la gare, la ramena et lui déclara qu’il lui laissait une heure pour décider de son consentement. C’était trop clair, le malheureux était atteint de démence amoureuse, celle que célèbrent les poètes, qui, eux-mêmes, sont des fous.

Je vous l’ai dit, elle était foncièrement honnête. Elle comprit que cet homme se perdait pour elle et que le suicide était au bout du drame. Elle s’avisa donc d’un expédient.

— Eh bien, soit, fit-elle, c’est entendu, on s’épousera. Mais nous n’avons pas le sou, ni toi ni moi, et jamais mise en ménage n’a plus nécessité la fortune. Le luxe est mon élément. Fais-toi riche, et je marche à l’autel.

— Bien, fut sa laconique réponse.

A quelque temps de là, la presse locale annonçait le mariage de M. Philibert Torbier, officier d’infanterie démissionnaire avec Mlle Claire de Mourcey, la charmante petite-fille du comte de Mourcey, le chef de l’aristocratie bordelaise et ancien ambassadeur.

Le lieutenant n’avait pas soufflé mot de cette affaire à sa maîtresse. Elle l’apprit par La Petite Gironde.

— Mes compliments mon cher, lui dit-elle en