Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/197

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ion nouvelle et c’est le premier de ce genre que l’on voie dans la chrétienté.

— Circulez, fût la réponse.

— Soit.

Et Polanson fut détacher l’amarre.

A moins de débarquer piteusement les quarante invités, distributeurs de gloire, de rater ainsi le lancement et de voir l’affaire sombrer à jamais sous le ridicule d’une telle débandade, il n’y avait que cela à faire, en effet : détacher l’amarre. Titubard, esprit prompt, fut de cet avis, et comme le bateau commençait à glisser doucement dans le courant, il n’hésita pas à se mettre à la barre, tandis que Polanson sautait au poste de vigie.

Ce fut charmant d’abord. Illuminé de lanternes vénitiennes multicolores en guirlandes, au rythme des czardas de l’orchestre tzigane, le Coromandel descendait la rivière constellée, tantôt à droite, tantôt à gauche, parfois au centre, avec une fantaisie incomparable. Ainsi, de Paphos à Lesbos, la conque aérienne de l’Anadyomène attelée de colombes. Mais, comme le voyage n’était pas dans le programme, quelques têtes passaient aux écoutilles et d’autres se dessinaient à la rampe de l’entrepont, visiblement interrogatives.