Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/231

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Rennes, ces chemises à chanter la messe ! Si encore mon moulin était moins vieux ! Mais il a cent ans à cette heure, et il ne prend plus le vent. Il est vrai qu’il n’en souffle guère depuis que les arbres grandissent autour.

— Abats les arbres.

— Des chênes ! moi, un Breton ? C’est comme si tu me conseillais de démolir nos calvaires. En vends-tu, du vent, Satanas ?

— Je vends de tout, fit le Maudit, déjà pris au piège.

— Eh bien, je t’en achète.

— Pour le coup, c’est-contre ton âme !

— Avant ou après confession ?

— Avant. Sois probe, voyons.

Il est certain, en effet, qu’après confession elle ne valait plus rien du tout, puisque, lavée dans l’eau de miséricorde, elle montait droit comme un I, légère et blanche, au jardin céleste. Jean en convint, mais il voulait, en fait de vent, un vent de première qualité, continu, sans saute, un vent de moulin, et, cela va sans dire, point d’avaries ni aux ailes, ni aux chênes, ni aux haies, ni même aux fleurs. A la moindre tuile tombée d’un toit, dans le village, fin du pacte, point d’âme !

— Combien de temps t’en faut-il ?