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LA VÉNUS VITRIOLÉE


Le soir était venu, l’atelier s’assombrissait, il fallait clore la séance. Le sculpteur l’aida lui-même à se rhabiller. Depuis deux mois qu’elle lui posait, comme Pauline Borghèse à Canova, son Anadyomène, il était devenu bonne « femme de chambre ». En cinq minutes, elle fut sous les armes, corsetée, chaussée, robée, puis chapeautée et gantée. Il ne restait plus qu’à baisser la voilette pour traverser cette villa d’artistes dont une allée centrale, bordée de beaux tilleuls, desservait les jardinets. Elle l’embrassa à pleines lèvres.

— A demain, dis ?

— A toujours.

Il tourna la clef dans la serrure, ouvrit la porte, et la chère Vénus s’enfuit.