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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/295

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la Fortune n’a pas de risette, sur le tapis vert, pour un bon soldat couturé de blessures, décoré de l’ordre, et qu’une coquine de femme a entraîné graduellement à sa première faute, et la dernière, bien entendu ?

Chemin faisant, il s’informait courtoisement de la santé de la belle notairesse, Mme Camuret avec qui il avait eu le plaisir de danser au bal du préfet, de ses six jolis enfants, du drôle de petit singe qu’il voyait souvent danser, dans sa cage, à la fenêtre, de la prospérité de l’étude et du nombre de ses heureux clercs ? Arrivés devant le cercle, ils se firent les politesses du pas de porte et ils y montèrent.

Non seulement Me Camuret était le plus aimable des notaires de province, mais il passait pour en être le plus honnête. Sa clientèle se distinguait et par le nombre, et par la qualité. On ne testait, on ne contractait, on n’héritait que chez lui. Pour les dépôts d’argent, de valeurs et de titres, nul ne voulait d’autre étude que la sienne. Il est vrai qu’il l’avait achetée fort cher, le double même, disait-on, de ce qu’elle valait, à son patron et prédécesseur, Me Courtembuche, dont je n’ai rien à vous apprendre, sinon le nom, fait pour vous plaire. C’est de la dot de sa femme qu’il lui en avait