Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La grotte de la serre, le banc sous lequel a roulé la bague, ce départ désespéré de Jacques… Il l’aimait encore. C’était pour elle qu’il venait presque tous les jours… Oui, c’est cela ; il a obtenu un rendez-vous d’adieux, le premier et le dernier, moyen infaillible… Elle y est venue, parce qu’elle est très bonne ; elle s’est défendue, mais l’homme est le plus fort… il l’a étourdie, il l’a prise… comment ? La bague perdue le révèle : par violence… Un demi-viol !…

Et alors, comme elle ne la retrouvait pas, la bague, il a bien fallu la remplacer… C’était facile, toutes les alliances se ressemblent… Le temps de faire graver chez un bijoutier leurs deux noms réunis : Léon-Irène, et la date du mariage : 12 avril 1900, voilà. Et elle peut dire ainsi qu’elle n’a rien perdu dans la serre, — non, rien, en effet, excepté la vie de deux hommes.

Des bateaux de transit pour l’Amérique ; il en part tous les jours de la semaine. Vite, à la gare du Havre, il a le temps d’arriver au train. Mais il allait oublier son revolver pour tuer l’infâme, à bout portant, dans l’oreille, comme un chien enragé qu’on abat. L’arme est dans sa chambre, là-haut ; il monte la prendre. Il