Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/348

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« Je me disposai donc à procéder sans retard à l’opération primordiale, urgente, de l’extraction de la balle. Elle était des plus périlleuses, mais elle s’imposait. Il y allait du salut de l’homme que j’aimais entre tous et qui me rendait ma chaude affection. Je vous ai dit que j’étais exceptionnellement en forme. Je voyais net, j’avais le poignet sur, le sang-froid s’équilibrait en moi à la science anatomique, j’étais assuré de le sauver. C’était l’heure du chirurgien.

« Aidé de son domestique, d’ailleurs en larmes, car il adorait son maître, j’avais étendu le cher suicidé sur son lit, et nous lui lavâmes le visage ensanglanté. Il se laissa faire d’abord, mais quand il me vit ouvrir ma trousse, il se dressa, les mains tendues pour me repousser :

« — Non… non… je ne veux pas…. La paix !…

« Il n’y avait point de temps à perdre au débat. A défaut d’internes qu’il ne m’était pas possible de requérir, il me fallait l’assistance de deux autres bras pour immobiliser le moribond, au moins pendant quelques minutes. Le concierge de l’immeuble s’offrit pour ce service….

Ici, le maître s’interrompit un instant, et,