Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/42

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il se trouve, soit dans quelle partie du sein d’Abraham, afin de ne pas faire fausse route en vous en allant et de ne pas vous courir après, l’un et l’autre, pendant toute l’éternité.

— Ah ! certes, me jeta-t-elle, il est au paradis ! car l’amour a de ces cris sublimes.

Or, à quelque temps de là, Mme Arpajou me pria de passer chez elle. Je l’y trouvai malade, les yeux rougis par une nuit de larmes, et dans un tel état de prostration qu’il me fut impossible de composer mon visage pour lui céler ma pitié.

— Hélas ! sanglota la pauvre mourante, il souffre, il crie, il brûle, et c’est à cause de moi. Le crime qu’il expie, seule j’en suis la cause et l’objet. Damné mon ami, il est damné ! Et moi aussi, voyez, je vais mourir !

Elle se tordait les mains, elle roulait sur les oreillers sa tête échevelée.

— Je ne le reverrai plus, cria-t-elle, jamais, jamais ! jamais !

Que dire, qu’eussiez-vous dit, pour apaiser un telle angoisse, et quel coeur de roc n’en eût été bouleversé ? Un mot, un seul mot, pouvait lui rendre l’espérance, mot impie, il est vrai, mot à compromettre soi-même le salut de sa propre âme, mot diabolique enfin qu’un Voltaire