Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/47

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surprenante. Enfoncé dans son coin, le visage renversé, les poings sur les hanches, les jambes en l’air, il semblait encore se tordre de rire, et c’était presqu’une consolation à la tristesse du spectacle que de se dire : en voilà un du moins qui aura été assassiné gaiement ! Du reste, si le meurtre, constaté par le médecin de la gare, était indubitable, la cause du meurtre, absolument incompréhensible, échappait au commissaire, pourtant sagace entre les sagaces, qui avait exploré les poches et la valise de l’étranglé hilare. On retrouva sur son cadavre convulsif le porte-monnaie, la montre, le portefeuille avec les cartes, la carte d’électeur, les lettres et le ticket qui permirent de reconstituer son identité. C’était un nommé Dupont, rentier, boursier et célibataire, que ses amis reconnurent et identifièrent tout de suite, et sur le compte duquel ils furent unanimes. Il était, dirent-ils, d’une force prodigieuse, et pouvait, dans une agression, tenir tête à dix hommes râblés. — Oui, mais l’hercule n’en gisait pas moins strangulé et dans la pose bizarre que j’ai dite, exhilarante.

Quel était donc ce mystère ? La police chercha à l’éclaircir, ai-je besoin de vous l’apprendre, par tous les moyens d’investigation ordi-