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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/68

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net d’ornements, de teinte neutre. Les deux hommes, l’un brun, l’autre roux, tous deux quarantenaires, se signalaient, par l’allure souple et la carrure athlétique, sportsmen exercés et pratiquants. L’enfant était gai, vif, et il caressait le terre-neuve qui semblait l’adorer. Je les observais, sans être vu, de l’ombre du castel, et je m’assurai dans cette certitude que les « revenants » n’étaient que de simples photographes en chasse, comme moi-même, de vues pittoresques. L’homme roux en effet était allé retirer du fourgon de la voiture une boîte de forme usuelle et reconnaissable, et, venant droit au castel, il en avait ouvert la porte avec une clef que lui avait probablement confiée l’aubergiste, gardien de la double ruine, puis il avait disparu dans les chambres. Enfin, une fenêtre du premier étage s’était ouverte, à volets battants, et une voix avait crié :

— On voit l’auto… Ôtez l’auto !…

Sur cette indication de perspective, le brun avait poussé la roulotte derrière le moulin, en sorte qu’elle fut hors de l’orbe de l’objectif, et, passant sur la rive gauche, il avait sauté dans la barque qu’il amena, en ramant, au pied du genêt de l’écluse. Je commençais à ne plus comprendre, car, si photographe qu’on soit,