Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/75

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quasiment au pied de son lit. Elle ne le quittait que le temps d’aller se coiffer, parce qu’elle avait des cheveux comme une meule, en or de soleil, qu’aucun peigne ne pouvait retenir. Enfin, nous guérissions, guérissions tout le temps dans la ouate.

« J’avais remarqué — car on a des yeux pour voir, c’est même fait pour cet usage — que mon supérieur louchait un peu vers la toison d’or. C’était encore de son âge, il n’avait que quarante-cinq ans, en 1815, étant né à Nantes dans les environs de 1770, comme moi, à six mois près. Son avancement lui venait de sa valeur. Moi, je suis de Limoges, pour ta gouverne. Je l’avais eu d’abord pour chef en Vendée, où nous apprenions le métier ; puis sous Masséna, à Zurich, de là à Iéna, et la suite. On ne s’est plus quittés ; qui voyait Peyrot voyait Cambronne et vice versa. C’est pour te dire si je le possédais par cœur ! Au retour de l’île d’Elbe, par anecdocte, il m’avait fait un signe par-dessus la mer : « Psitt, Peyrot », et j’étais là, au débarquement. On revint à Paris ensemble, derrière l’aigle. Ça devait finir en Belgique. Enfin, petit, à la réserve du grade, des frères qui n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre. Aussi tu juges de mes tribulations