Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/81

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droyé se leva et d’une petite voix triste, il dit :

— Un mot ?… Je n’ai jamais mis le pied à la Bourse, et je suis incapable de mener à bien l’une ou l’autre des quatre opérations élémentaires de l’arithmétique.

— Alors, fit l’austère magistrat, comment expliquez-vous le désastre ?

— Par ma scrupuleuse probité. Ils voulaient que je « centuplasse ». Je n’ai pas eu le temps, voilà tout.

Et il se remit aux gendarmes, dont l’un, du reste, était de sa clientèle.

Dans sa prison Loys se refusa à tout adoucissement, sauf à celui de correspondre en toute liberté avec sa femme et sa fille, expédiées à la Jamaïque, à la garde de la vieille nourrice qui l’avait élevé à Marseille, et qui, dûment rentée par lui, finissait ses jours dans le bien-être à Port-Louis, sa ville natale. « Prends soin d’elles, Pépina, lui avait-il écrit, comme autrefois de ton petit, elles sont avec toi, maman-nounou, ce que j’aime le plus au monde. »

Mais ce qu’il aimait le plus au monde, c’était Inès, sa fille, ravissante blondinette de douze ans, et que le désespoir faillit enlever lorsqu’il lui fallut se séparer du cher papa, si beau, si gai,