Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/84

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qu’elle m’aime toujours. » Puis, dans le jardin de la pauvre Pepina, plein de belles fleurs et de riches oiseaux, il se mit à traîner les heures, oubliant, oublié, paisible enfin, et vivant la vie oisive de ses rêves.

— Mon ami, lui dit un jour sa femme, avant ton arrivée nous recevions et rendions d’agréables visites. La société de la ville était fort aimable pour nous. Je sais que tu ne veux voir personne, je le comprends ; mais tu exagères. Et puis, notre Inès s’ennuie. Entr’ouvrons un peu notre porte. On ne demande qu’à te connaître.

— Et qu’à m’apporter de l’argent, hein ?

— Je n’osais pas te le dire.

— Ah ça ! mais, malheureuse, tu veux donc que ça recommence ?

— Oh ! des Anglais, si pratiques !

— Eux, ils sont encore plus enragés que tous les autres. N’insiste pas, ma bonne, non.

— Et Inès ? Je te le répète, elle s’ennuie.

Le « papa » regarda la « maman » et comprit.

— Quoi, déjà ? soupira-t-il, en se laissant tomber sur un banc, en trois ans…. Et… qui est-ce ?

— Un Français.