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Page:Bergerat - Les Deux Waterloo, 1866.djvu/11

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Non, jamais de mémoire humaine
On ne compta tant de lions
Battant l’air et foulant la plaine
Autour de deux ambitions !
Traînant le bronze et les salpêtres,
Ils vont, rage au cœur, boue aux guêtres,
Renversant les pins et les hêtres
D’où sortent les oiseaux de nuit… —
L’Homme, braquant sa longue-vue,
Passe ses troupeaux en revue… —
Un éclair sillonne la nue :
Dieu pleure : Lui s’épanouit !

Allons : la première volée
Traverse les monts et les vaux ;
En avant ! toute la vallée
Tremble sous les pieds des chevaux ;
Le fifre poursuit et répète
Les longs appels de la trompette… —
Allons, allons, c’est la tempête :
Les tambours grondent en tous lieux,
Et, le front bas dans la fumée,
S’élance au grand trot chaque armée,
D’un bloc, et comme renfermée
Dans une ceinture de feux !