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Page:Bergerat - Les Deux Waterloo, 1866.djvu/12

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Oh ! le choc terrible ! La Haie
Se déchire et vole en lambeaux ;
Combien de morts dans la futaie !
Dans les airs combien de corbeaux !
Le bois Goumont tremble ; les bombes
Sifflent, passent comme des trombes…
Les morts en soulèvent leurs tombes ;
La sève en jaillit des sillons !
On court ; on tombe, l’on s’écrase,
On se massacre dans la vase…
La foudre aux cent voix hurle — et rase
Le front mouvant des bataillons !

Le terrain détrempé s’éboule :
Les grenadiers tombent au pas.
Aux pans du château qui s’écroule
Pendent des grappes de soldats.
Au-dessus d’eux le ciel flamboie,
Au-dessous la fumée ondoie… —
Calme, la Ligne se déploie
Dans le vallon qu’elle-a franchi.
Entouré de sa vieille garde,
L’Empereur, inquiet, regarde
Entre deux éclairs de bombarde
L’ombre flottante de Grouchy.