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XIV

VILLEMESSANT ET BOURDIN


Ce prodigieux Villemessant, qui a incarné de pied en cap le grand barbier de comédie dont le nom baptisait son journal, avait, on le sait, deux gendres. L’un était B. Jouvin, critique au beau style que nous appelions, sur le boulevard : « Béjouvin » et qui tenait la férule dramatique au Figaro. Sa critique était la plus savante du monde, mais à côté des étincelants chroniqueurs de la rédaction, les Rochefort, les Scholl, les Monselet et même d’Albert Wolff, la prose « béjouvine » sonnait comme bourrée auprès d’une valse.

Son beau-père en plaisantait lui-même délibérément. Il jurait que personne, ni sur la terre ni dans les cieux, n’avait jamais lu une ligne de son encre de grande vertu.

— Il est si embêtant, disait-il à Monselet, que je vous tiens un pari… Il y a dix louis, voulez-vous ?

— Quel est le pari ?