Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/170

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tème profond et diplomatique, et ce fut pire encore. Je n’en sortais que sur crédit parfait d’idiotie.

Impossible de me remémorer la bévue par laquelle je m’aliénai tout de suite la bonne volonté du directeur le plus indulgent aux jeunes qui jamais fut. Peut-être fut-elle de l’appeler obstinément « Monsieur des Sablons », croyant bien faire et tombant mal. Toujours est-il que la recommandation même de Sarcey ne m’eût pas sauvé du désastre si Henry de Pène n’était entré au moment où j’allais quitter le cabinet sur ces mots définitifs d’Edmond Tarbé :

— Je n’ai pas de place pour vous au Gaulois, je le regrette.

— Il peut s’en faire une, avait relevé le rédacteur en chef qui, d’un coup de monocle expert, avait perçu mon désappointement.

Et me ramenant :

— J’ai lu de vos écritures dans la boutique en face. Ce n’est pas démesurément bête. Avez-vous une idée ?

Je n’en avais aucune, car on n’en a point sur commande, lorsque soudain Émile Blavet poussa la porte à son tour. Il venait de la Chambre où un certain député nommé Noubel venait, par une motion intempestive, de se tailler un succès de rire « sur tous les bancs ». Et Blavet nous contait la séance, tandis que, plongé en moi-même, j’y cherchais l’idée comme la perle en scaphandre au fond des mers.

— Eh bien ! fit de Pène, trouvez-vous ?

— Eh bien, balbutiai-je, à défaut de mieux, je pourrais vous donner des « noubels à la main » ?

J’avais voulu dire : nouvelles, mais la langue m’avait fourché.