Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/251

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d’orner ses fêtes. Son absence absolue de sens politique qui n’était comparable qu’à son besoin d’expansion, lui permettait de ne pas se décider en histoire. Pourvu qu’il jouât la comédie, tout allait bien encore dans le royaume de France et Versailles y valait Paris. Deux capitales, voilà tout.

Il ne comprenait pas ce que je redoutais du procureur, un homme charmant, pourquoi je me dérobais à sa faveur marquée, et il s’offrait à dissiper le malentendu qui séparait deux hommes faits pour s’entendre. Je dus le conjurer de n’en rien faire, ayant sur ce raté cynique, la même théorie qu’Anatole France, ou peu s’en faut.

Un soir, la concierge de mon asile paléographique me fit entendre discrètement que ma présence compromettait un peu la gravité de l’immeuble. Il s’était présenté dans sa loge des gardes nationaux curieux qui, sous couleur de décret promulgué par le général Cluseret, paraissaient procéder à un recensement sérieux des gens valides du quartier. L’un d’eux lui avait semblé humer, de la cour, l’exhalaison de camphre où, d’ailleurs, j’étouffais. Enfin, l’excellente femme m’avoua qu’elle redoutait pour la propriété de M. Duvergier de Hauranne, où nous étions, le sort de la maison de M. Thiers décrétée de démolition nationale par un édit récent du même général. Je n’avais plus qu’à lui rendre la clef et à prendre la poudre d’escampette.

Tout me poussait à demander refuge rue de Vaugirard, à la maman Glaize, chez qui j’étais toujours reçu à bras ouverts. Mais elle était à Rosebois avec les siens, et la bonne maison hospitalière était close à volets fermés. Retourner à mon pavillon ternois,