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IV

ZOÉ LANGUE DE CÔ


De sa fonction de critique dramatique du Moniteur, Théophile Gautier, même depuis qu’il ne l’exerçait plus, avait gardé le pli du noctambulisme. Il avait, comme Gœthe, horreur de la nuit et ne se résignait à se mettre au lit qu’à grand’peine. Encore fallait-il, pour qu’il pût s’endormir, qu’il sentît quelqu’un près de lui et que l’on « grouillât » dans la chambre. Ses deux sœurs se relayaient à cet office et la gratitude qu’il leur en avait les investissait d’une autorité prépondérante que tous, bêtes et gens, subissaient, et lui-même.

Zoé, surtout, figure toute balzacienne et sorte de Cousine Bette réalisée, s’était peu à peu emparée d’un pouvoir familial que le poète vieilli avait laissé tomber en quenouille. Elle menait la maisonnée. Il l’avait surnommée : Langue de coq, et, par abréviation méridionale : Langue de cô, à cause de sa puis-