Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/321

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— Erreur, lui répondais-je, il se reprend, voilà tout. Il a trop travaillé.

L’influence de Zoé, s’imposant par ses bourdes, autant que par les soins assidus dont elle l’entourait, jusqu’à l’en circonvenir, n’est pas, je le répète, un problème insoluble, pas plus qu’il n’est nouveau, de la vie des hommes supérieurs. C’est le phénomène du retour d’âge du génie. Il se manifesta chez Théophile Gautier, d’une autre manière, mais parallèlement, par cette passion qui le prit pour Stendhal et ses moindres ouvrages. Il n’en voulait plus lire que de cette encre sèche. Vainement lui en proposions-nous d’autres plus conformes, semblait-il, à ses goûts romantiques et à son esthétique de formiste ; au bout de quelques pages distraitement coupées, il redemandait du Stendhal, et s’y abîmait les yeux, l’âme peut-être.

— Voilà le père, disions-nous, reparti pour le Grand-Montrouge !…

Si jamais, en effet, deux écrivains de notre langue furent à l’opposite et même aux antipodes l’un de l’autre, c’est bien l’auteur de Rouge et Noir et celui du Capitaine Fracasse. Par leurs recherches propres, ils vont à démenti manifeste. Pour celui-là, tout réside dans l’art verbal technique et la victoire du mot sur la pensée ; pour celui-ci, l’objet crève la toile et supplée de lui-même à son expression défaillante. Stendhal ne rend pas, et ne tend pas à rendre, il note et laisse à son lecteur le soin de développer le croquis et d’en colorier l’image. Gautier fait toute la besogne, et, le tableau livré, il ne reste plus qu’à l’accrocher au clou dans son cadre.

On connaît sa définition fameuse :