Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/62

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orties de la Sorbonne, il ne donna pensum ou punition qu’il n’ait levé à la fin de la classe. Hélas ! qu’allait-il faire dans cette… critique ?

Virgile révélé et les vacances closes, je déclarai à mes parents que je ne rentrerais que de force, et entre deux gendarmes, dans une institution de la Société de Jésus. Je menaçai même ma chère grand’mère de m’embarquer comme mousse si l’on me réduisait à cette extrémité. Je voulais apprendre et comprendre. J’en avais assez de m’abêtir, terrifié d’ailleurs, dans le culte des saints polonais ou espagnols de l’Ordre, qui passent leur vie à se flageller le squelette. Le dernier dimanche, à table, devant le respectable curé de Saint-Ferdinand, l’abbé de Gonet, et deux ou trois autres prêtres de la paroisse, je me proclamai soûl des trente tomes de : Histoires édifiantes et curieuses, Voyages du Père Charlevoix au Japon, Le Père Hue au Thibet, La Théorie de la restriction mentale, et de la musique affreuse du Père Lambillotte. Quant à l’enfer, il m’était parfaitement égal d’y aller puisque Virgile s’y promenait avec un autre, nommé Dante, que je serais enchanté de connaître.

— Où prend-il tout cela ? gémissait la pauvre femme ; est-ce en travaillant chez ces dames Sarcey ?

Je ne m’en cachai pas. Je devais ma résolution à M. Francisque, qui m’avait éclairé sur mon ignorance. À mon âge, il lisait le latin couramment. J’irais dans le lycée où il avait étudié, avec M. About, et j’entrerais comme eux à l’École Normale, et je serais cet « autre Sarcey » que j’avais promis d’être, et voilà, ou je me faisais mousse !

Le curé des Ternes, long vieillard maigre qui