Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/79

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Cependant, comme la crise durait trop longtemps et devenait grave — car Zizi commençait à tourner autour du monde où l’on prête, à intérêts judaïques, sur « fin papa », Émile Augier, à notre prière, tenta personnellement une visite d’apaisement quai de l’École. L’autorité de son grand nom, doublée de la netteté d’un verbe sans détours, eut cette fois et comme nous l’espérions, un effet salutaire, et Georges fut rappelé au secrétariat de la Revue ; conduit par le bon Toussaint qui portait sa valise, il réintégra la mansarde d’où, pendant quelque temps encore, il allait revoir le panorama superbe de la Seine. Ce n’était pas pour bien longtemps, hélas ! mais toujours est-il que nous séparâmes nos lares.

J’avais quitté l’hôtel garni de la rue Jacob pour retourner aux Ternes où, grâce à la sollicitude de ma grand’mère, j’occupais un petit appartement de trois pièces, chambre à coucher, salle à manger et cuisine, qu’elle m’avait en sus meublé, ne me laissant que la gloire d’en payer les termes. Car elle croyait en moi, la pauvre femme, et elle ne doutait pas que, dans le « mauvais métier » choisi, je n’en vinsse bientôt à faire honneur à la famille de ce saint François de Sales, à qui nous nous rattachions, me disait-elle, par une filière savoyarde à laquelle je n’ai jamais rien compris et dont les parchemins me manquent. Hélas, j’ai trop forfait à cet atavisme, idéal peut-être ! À la tête de mon lit elle avait accroché un petit reliquaire en vieil argent bruni, contenant un morceau du linge de corps de l’illustre évêque, et elle m’avait donné l’exemplaire princeps de l’Introduction à la Vie Dévote, qui composait à peu près toute sa bibliothèque. Je ne l’ai jamais lu, non, mais