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l’époque, notre Paul Déroulède, les membres de la bohème ternoise et le brave Toussaint, à l’orchestre. Dans une loge, l’aimée, rayonnante, et sa famille. Seule, une place demeura vide, celle du « daron », qui n’avait pas voulu venir.

— Non, non, avait-il objecté aux instances du bon nègre, ou la pièce est mauvaise ou elle n’est pas de lui. J’attendrai l’opinion de la presse pour aller l’entendre.

Or, dès l’ouverture des bureaux, on l’avait vu et reconnu, le col relevé et s’effaçant dans l’ombre, tourner autour du musée des Thermes, comme une pauvre âme de père en peine. Il ne croyait pas, il ne voulait pas croire, et lorsque le bruit du succès, propagé de groupe en groupe dans la douceur lumineuse de cette soirée de juin, l’eut enfin vaincu, le vieillard se réfugia dans un café du boulevard Saint-Michel, et l’histoire de la librairie raconte que Toussaint, venu l’y rejoindre, le trouva en larmes.

Le lendemain, Zizi était dans ses bras, et il y resta, cette fois, jusqu’à sa mort.