Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/129

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« …Je me dis quelquefois que je suis peut-être dans les injustement heureux de ce monde et que je dois quelque chose de moi à ceux qui n’ont pas eu la même chance… »

« Mon rêve a toujours été d’être tout simplement un bon homme et de pouvoir aimer les bonnes gens, en tenant en outre pour bonnes gens les gens de talent qui font tant de bien à tant d’inconnus facilement ingrats. J’ai comme ça, dans un coin de mon esprit, quelques admirations pour certains individus qui ne s’en doutent probablement pas. Quelquefois j’aurais envie de le leur dire, en y joignant un conseil qui pourrait leur être utile ; mais j’ai peur d’avoir l’air d’un pédant. Je m’en tire tout de même avec la vie… »

Ces deux fragments de lettres intimes sont d’Alexandre Dumas fils.

Il me serait aisé d’en extraire d’autres, aussi caractéristiques, d’une correspondance charmante dont j’ai gardé les pièces. Mais ils ne diraient rien de mieux, s’ils en disaient davantage, sur la sensibilité fièrement voilée de ce grand diable qu’ont adoré tous ses amis et qui a « en face de papa » sa statue sur la place Malesherbes.

Dumas fut extrêmement bon.

Aujourd’hui, lorsque l’on conte aux jeunes « struggleforlifers », comme les a appelés notre Dickens français, qu’un homme célèbre a été bon, ces hautains « combat-pour-lavistes » haussent les épaules et se récrient :