Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/152

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son plus vieil ami. Un document !… À quoi sert-il pour ou contre sa gloire ?

« Vendredi soir, 6 février (1880).
« Mon cher ami,

« Grâce à vous, je vais devenir célèbre à Rouen !… Le Nouvelliste m’a fait pour la première fois de sa vie une forte réclame, d’après vous, — et le Journal de Rouen, mardi dernier, a reproduit (avec une introduction), toute votre préface.

« Une vieille bonne que j’ai — et qui est sourde, boiteuse et aveugle, m’a dit hier un mot sublime et qui était le résultat de ce qu’elle avait entendu dire chez l’épicier, où l’on parlait du susdit numéro du Journal de Rouen : — « Il paraît que vous êtes un grand auteur ! » Mais il fallait voir la mine et entendre la prononciation !…

« Eh bien ! ce grand auteur est un idiot. J’ai oublié de vous dire le plus beau des détails sur les pérégrinations du ms. Il est resté onze mois à l’Instruction publique ! c’est-à-dire dans le cabinet de Bardoux. Ledit Bardoux s’était engagé, à peine ministre, à faire représenter la pièce de ses trois amis. Ne trouvez-vous pas ça joli ? — Là, encore comme chez Noriac, j’ai été obligé à la fin de reprendre mon infortuné papier.

« Je crois que les deux journaux de la localité[1]

  1. « Substantif employé par M. de Villèle pour la Grèce. La Grèce, que nous importe cette localité. (sic.)

    « Quel est donc celui qui m’a fait une si belle réclame dans Le Voltaire ? Et cet oiseau de Charpentier qui ne m’a pas envoyé un pareil article ! Quel être ! Rappelez-lui que j’en attends toujours deux exemplaires. »