Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/215

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bonne humeur entretenue par les maîtres du rire chez un peuple qui se rembrunit et tourne au malade imaginaire.

À présent, internationaux des races lourdes et graves, prenez Paris, il est à vous. Les railleurs sont partis, et les merles ne siffleront plus. Vous aurez, pour remplacer l’esprit boulevardier et ses mousses légères, la forte fermentation de ce que le naturalisme appelle : le génie. Les cafés y croyaient peu, parce qu’ils le savaient rare, et c’est pourquoi ils le blaguaient, d’une terrasse à l’autre. Il est vrai qu’on ne leur avait point enseigné encore que le génie peut et doit être bête comme un pot, et que tel est son signe cosmopolite. La compensation est là. Vous l’avez. Au passé, le simple esprit ; le génie à l’avenir ! Ça commence bien, en prose et en vers, à pied, à cheval, sur la terre et sur l’onde. Il était temps que les boulevardiers fichassent le camp du boulevard… et du siècle. Du Nord et du Midi, voici venir des oies couronnées de crêtes de coq et habillées de plumes de paon, les oies géniales ! Bonsoir, amusez-vous bien !