Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

L’HEURE VERTE AU TORTONI


— Tu connais Vivier, dis-je à Scholl, un soir, au Tornoni, entre six et sept.

— Quel Vivier, le corniste ? Si je le connais ! C’est l’un de mes plus vieux amis.

— Depuis combien de temps le connais-tu ?

— Je ne sais plus. Depuis vingt ans au moins. Pourquoi ? Est-ce qu’il est mort ?

— Non, j’ai dîné hier au soir avec lui chez Mlle A. L. du Vaudeville.

— Alors ?

— Parions que tu ne l’as jamais entendu jouer du cor ?

Le boulevardier se consolida le monocle dans l’arcade sourcilière, fit un tour à travers sa mémoire et se mit à rire : — Tiens, c’est vrai. Elle est bien bonne !

Puis il reprit : — Et pourtant il en joue, c’est avéré. Il est même, à dire d’expert, le plus fort des