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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/217

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cornistes passés, présents et futurs. À Roncevaux, il se fût fait ouïr de Charlemagne ! Fétis le dit dans son dictionnaire. Lis Fétis.

— Je lirai Fétis, si tu veux, mais à une condition, c’est que tu me nommeras quelqu’un d’honnête et de digne de foi qui ait, de ses oreilles, entendu Vivier « toucher » du cor.

— Attends… Je cherche… Laisse-moi chercher… Il y a Azevedo peut-être ?… Mais je me méfie, Azevedo est un sectaire. On pourrait prendre langue avec Béjouvin… Garçon de quoi écrire et un chasseur.

— En es-tu là de t’en fier aux critiques ? Du reste, mon siège est fait. Vivier joue de tout, peut-être, excepté du cor. J’ai dit.

— Qu’est-ce qui t’asseoit dans cette assurance ?

— Quand on est l’hôte d’une femme charmante, qui, à la suite d’un dîner où la truffe est traitée en pomme de terre, vous prie d’un sourire de Joconde, de charmer à votre tour les convives par l’exercice de votre art, on empoigne sa trompe et on y crache. Tulou aurait tiré sa flûte et Paganini sa calebasse. Vivier, rien. Donc il ignore le cor.

— Il n’avait peut-être pas apporté le sien pour la circonstance. Tu n’avais pas ta lyre. Entre artistes on s’épargne.

— Ton apophtegme est indigne d’un La Rochefoucauld tel que toi. C’est comme si tu disais qu’un chirurgien ne charcuterait pas, à l’œil, un apothicaire. Où serait le chirurgien ?

— L’aperçu est profond et l’image est sanglante. Mais je suis obligé de t’apprendre que Vivier a tenu l’emploi à l’Opéra et qu’il y a fait notoirement son