Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/275

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oiseux de se préoccuper d’un remplacement inutile.

« Art. 7. — Si, par impossible, un membre de l’ordre venait à manquer aux devoirs de l’amour, il serait traduit devant le Conseil de l’ordre composé du Grand-Maître, de la Grande-Maîtresse et de deux membres adjoints.

« Art. 8. — Les lois de l’amour sont connues, une cependant demande à être rappelée, c’est que rien n’est plus coupable que de s’enfuir de chez une dame en laissant son paletot.

« Art. 9. — Tout membre de l’ordre, convaincu de mériter le surnom de Joseph, sera exclu de l’ordre et condamné, selon la gravité du cas, à finir ses jours dans les chœurs de la chapelle Sixtine ou parmi les gardiens du sérail.

« Art. 10. — Les articles 7, 8 et 9 ne concernent que les membres du sexe masculin.

« Art. 11. — Les enfants, légitimes ou autres, qui viendront au monde, fruits de l’union de l’amour de l’un ou de plusieurs membres de l’ordre, prendront le nom de loutonneaux ou de loutonnettes, selon leur sexe.

« Art. 12. — De longs jours de bonheur seront assurés aux dignitaires de l’Ordre du Louton s’ils se conforment aux articles précédents. »

Il n’y a pas à douter, sur la foi de ces statuts, que les réunions de ces 24 dignitaires de l’ordre ne devaient engendrer d’autre mélancolie que celle qui suit une noce de 24 couverts et le bris des bâtons de chaises. Sans être contemporain des dix-huit années, on se la représente et figure avec un peu d’imagination rétrospective, et point n’est besoin de recourir à son Pétrone. Le mot « louton » dont le