Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/128

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dans les journaux que le génie y avait établi une poudrière. Il fallait donc sortir de l’hypogée sous peine d’être enseveli sous la chute probable du monument. Le dôme venait d’être atteint par les pointeurs, aux cris de terreur des enfants et des femmes. Ce fut l’aveugle qui se risqua à l’aventure, mais au bout de cinq minutes, il revint seul, sans son chien, en tâtant les murs. La malheureuse bête y était restée, émiettée par une grenade. De telle sorte que nous attendîmes jusqu’à la nuit l’interminable fin de ce bombardement. Les uns s’étaient étendus à terre pour dormir et les autres…

— Et les autres ?

— « Tenez, regardez, c’est d’après nature. »

Et il me fit voir, sur un de ses carnets, des études silhouettées de joueurs de bouchon en bras de chemise. — « Voilà les autres. »

« Je ne pus rentrer chez moi que le matin parce que, faute de réverbères, éteints par ordre, le quartier était plongé dans la plus complète obscurité.

— Et l’aveugle ?

— « Ce fut lui qui me remit à ma porte.

— « Comment, un aveugle ?

— « Il ne l’était que de profession. »

Daniel Vierge a longtemps caressé le rêve de réaliser dans une grande toile, pour le Salon, et sous le titre de : La Peur, cette scène de la crypte du Panthéon. Que de fois ne l’ai-je pas engagé à s’en payer le repos et la fête. Mais il secouait la tête et soupirait : — Le cheval, cher ami, le cheval de l’actualité et de l’Apocalypse !…

Une autre fois son impéritie du verbe français lui avait attiré une de ces « histoires absurdes » propres