Aller au contenu

Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est vous ? Bonjour. Qu’avez-vous donc ? — Espion prussien. — Où ça ? — Là, devant vous donc. — Et je lui montrai mon escorte, qui traversait la chaussée, de huit pieds rapides. M. Paul Dalloz dut m’accompagner à son tour à la mairie, s’y porta garant de mon civisme et me fit rendre mon carnet que mes guerriers m’avaient confisqué. C’est l’un de ceux auquel je tiens le plus. »

Je me rappelle avoir vu dans l’atelier de Daniel Vierge une vingtaine d’aquarelles lavées d’après nature, pendant la Commune, au péril de sa vie, d’après des types de fédérés qui ne se doutaient guère qu’ils fussent si pittoresques. Il y avait des cantinières, des marins, des « quarante sous », des internationaux, tous les révoltés de la défaite, rendus dans leur geste et leur couleur comme par Jacques Callot. Il m’est resté l’image d’un Gustave Flourens à cheval, d’un Raoul Rigault sarcastique, et d’une scène prise à l’entrée des troupes où une vieille pétroleuse, collée au mur, les cheveux épars, la poitrine nue, hurlait à ceux qui allaient la fusiller, toute la litanie des injures et du défi. Oh ! la terrible page d’histoire !