Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/273

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geois sont plus bêtes que des oies. Ma chère, ils ont dormi depuis Paris jusqu’à Lyon ; et il n’y avait que moi qui ne dormais pas. Je ne puis t’écrire cela ; à mon retour, je te raconterai car ma plume ne peut pas rendre mes sensations. Plusieurs se sont réveillés à Montélimar et m’ont offert du nougat. Je les ai remerciés très poliment. Comment accepter quelque chose de pareilles brutes. Et Théo, comment va-t-il ? Je pense qu’il me remplace et que tu vas passer les journées chez lui. Ne travaille pas trop au jardin, soigne-toi, quand il n’y en a plus, il en vient d’autres… Nous avons ici un concert de chats qui est aussi brillant pour le moins que celui de Montrouge. Dis-moi comment se comportent les nôtres. Embrasse-les tous sur l’oreille gauche pour moi, c’est le côté de leur petit cœur. Écris-moi aussitôt ma lettre reçue. Embrasse aussi mes petites filles et mon gredin de neveu. Je vais « naviguer » comme dit Mion. »

« Avignon, 20 mai 1856.
« Ma chère sœur,

« J’espère que tu as reçu mes lettres à l’heure qu’il est. J’en attends une de toi. Il me semble que tu ne te presses guère. M’auriez-vous déjà oubliée ? Malgré que je sois peu de chose, je me flattais d’avoir un peu plus de valeur au moins pour vous. Malgré vos torts je vous pardonne et je t’aime quand même. — Dimanche nous avons été visiter le musée. Il y a des Mignard très bien. Puis à la Métropole où nous avons vu l’archevêque qui avait l’air d’être en carton. Les églises ici sont bien plus belles qu’à Paris, les cierges n’y sont pas ménagés. Il y a de vrais jésuites.