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Lettre IV


Lundi 20 août.

La sortie du grand cortège historique nocturne n’a pas eu lieu hier soir à cause de la pluie qui n’a cessé de tomber. Maudite pluie, elle a jeté le désordre dans notre kermesse. Ce matin, tous les étrangers étaient partis, ou à peu près. En cela, ils ont eu grand tort : les gens du pays le leur avaient prédit de reste. En Flandre comme en Hollande, une ondée ne prouve rien contre la température générale. Jean qui rit succède à Jean qui pleure : le ciel est aujourd’hui d’une limpidité admirable. Comme la majeure partie des visiteurs confiants n’avait pas trouvé à se reposer dans la ville, la nuit entière on a continué de boire et de chanter dans les tavernes. Dès que le grain cessait un peu, tous les enragés mélomanes sortaient et s’en venaient donner des sérénades aux bourgeois lâchement étendus sous l’édredon de l’égoïsme. D’ailleurs les illuminations avaient prolongé le jour jusqu’à l’aurore, car on avait illuminé quand même