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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/337

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M. Littré. — Comme toute la France, cher monsieur Jourdain.

Puis après une analyse succincte de cette Charlotte Corday bourgeoise plus encore de fond que de forme, et qui avait inspiré à Théophile Gautier le « couteau à papier » suivant :

La pièce de Ponsard, sois-en bien convaincu,
Est réactionnaire, et bête comme un…

je me livrais à la joie d’un parallèle hilare entre Marat et Carjat, et j’y démontrais, l’histoire en main, que L’Ami du Peuple avait demandé beaucoup moins de têtes que le photographe, et même en avait moins obtenu. Ce morceau de facture, où s’attestait l’atrabile de ma critique à la fois et de mon caractère, s’actualisait d’un cri jeté de l’orchestre, à la première, par un spectateur à cheveux blancs, du type quarante-huitard, et qui n’était autre que le doux et bénin Carjat lui-même. Lorsque l’acteur Clément Just, au nom du docteur Paul Marat, avait réclamé ses quatre-vingt-dix mille caboches, le rival de Nadar s’était dressé dans sa stalle : — « Pas assez, avait-il clamé, le chiffre rond ! » et toute la salle lui avait répondu : À la tienne, Étienne !

Hélas ! j’allais plus loin encore en ce feuilleton horrifique et je rougis d’y recopier les lignes suivantes :

Au désagrément d’entendre Danton, Marat et Robespierre parler une langue qui eût suffi à tuer André Chénier, que dis-je, Roucher lui-même, s’ajoute la peine imméritée et gratuite de voir, dans l’Odéon, caricaturer leur Triumvirat sans défense. Étaient-ils donc si bêtes, à la Convention, et devons-nous, sur la foi de cet auteur, nous résigner à croire que les