Lettre VIII
TROIS VISITES À LA RONDE DE NUIT
Il est des thèmes à ratiociner dont on traitera toujours et, quasi cursores, chacun à son tour, — la « Ronde de nuit » est du nombre.
L’énigme d’art que Rembrandt y propose est restée insoluble à la critique ; myopes et presbytes y usent leurs lunettes. Nous voici donc à Amsterdam. C’est là que Kæmmerer me guette. « La Ronde de nuit » est sa pierre de touche, il juge les gens à ce qu’ils éprouvent devant elle, j’y risque donc son estime, son amitié peut-être ?
— Je te laisserai aller seul, m’a-t-il dit, et je t’attendrai dans la rue en fumant des cigarettes.
Il est certain que celui-là serait déjà un sot parfait qui, sans un battement de cœur, entrerait pour la première fois dans la salle sacrée du Trippenhuis où fulgure cette table de la loi de la Peinture, et j’ai un peu peur de moi-même. Si j’allais être déçu ? Sincère, je le suis. Expert ?… J’ai vu bien des