Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/88

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— Je m’y attendais presque, fit simplement le romancier optimiste. Le tonneau colossal aux vingt-quatre chevaux était un document de psychologie infaillible que le transparent corrobore. Ce monsieur « Reicrem » de « Yanrepe », fabricant de vin d’« Engapmahc » est d’abord un excellent homme, mais, en outre, un commerçant de premier ordre. Il va avoir, à l’œil, lui aussi, au service de sa marque, un journal magnifique, tirant à trois cent mille et qu’on ne peut que s’arracher dans les deux mondes. Vous me permettrez, mon cher directeur, de trouver qu’il fait une excellente affaire.

Ce fut ainsi que s’engrena la « Vie Moderne » et j’en eus la boîte avant la montre. Il ne me restait qu’à en monter les ressorts dans les trous à rubis, selon les lois d’une horlogerie dont j’étais le Bréguet d’aventure.

En rentrant chez moi, le soir, pour dîner, une surprise, qui m’y attendait, me versa la foi et l’assurance nécessaires aux grandes entreprises. C’était un panier de six fioles à goulot d’or apporté par un vieux bonhomme endormi et à demi aveugle, de la part de son patron, M. Mercier, pour « Madame ».

III

Le proverbe ment : l’art de faire des civets de lièvre sans lièvre a des maîtres queux aussi nombreux qu’éminents. Même en temps de chasse, vous en savourez de tels tous les jours dans les réfectoires les moins populaires. Mais ce que vous n’avez jamais