rivaux dans leur compétence des choses nipponaises. Or, ce Charles Gillot leur enlevait, chez Bing ou dans les ventes, les meilleurs morceaux des arrivages. Comme j’avais lié connaissance moi-même avec quelques sujets de l’Empire du Levant, les sieurs Kenkithi-Narushima, Seï-Tei-Watanabé et Nakadé (hélas, où sont-ils à l’heure où je pense à eux ?), je les conduisis rue d’Assas pour leur montrer la collection du jeune paniconographe. Les Levantins du Mikado s’intéressent passionnément aux arts industriels. Venus à Paris pour s’instruire des nôtres, ils prièrent Charles Gillot de leur expliquer le gillotage. Il grava lui-même une plaque de zinc devant eux, selon le procédé paternel, qu’il perfectionnait tous les jours, et, quand elle fut sortie du roulis des bains de nitre, il en tira à la machine à la main une épreuve, ou fumé, sur papier de Chine, qu’il leur offrit. C’était il m’en souvient, la reproduction d’un dessin de Daniel Vierge, pour Le Monde Illustré. Elle était d’une exactitude telle que, présentée auprès de l’original, on ne pouvait que les confondre, indistinctement.
— Oui, disait nerveusement le maître-graveur, le résultat n’est pas douteux, n’est-ce pas ? Eh bien ! croiriez-vous que les illustrés se refusent encore à utiliser le gillotage, en dépit des artistes, et malgré l’économie sur les prix de revient ! Ils s’obstinent à la vieille xylographie, ou gravure sur bois, sans couleur, sans accent, infidèle et plate, oh ! plate !
La plainte n’était pas, comme on dit, tombée dans l’oreille d’un sourd. Le lendemain, j’étais chez Charles Gillot, seul et sans Japonais. En quelques mots, je lui chantai ma chanson coopérative. Le journal d’art