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HERMINIE



I


Il serait presque insolent de dire à des liseurs français que La Princesse de Clèves est un chef-d’œuvre de notre langue. C’est même un classique du roman et le premier du genre psychologique par ordre de date et de valeur aussi peut-être. Pour mon compte, je lui donne le pas de gloire sur l’Adolphe de Benjamin Constant, fort morceau, j’en conviens, d’autobiographie passionnelle, mais d’une intellectualité moins haute et un peu suisse, disons, pour rire un peu, mon cher Bourget, suisse de nymphe émue, si j’ose risquer cette rapinade. La Princesse de Clèves se signale par une tenue de race dans le style, attendrie d’une pudeur d’âme dans l’analyse, où s’unissent les deux génies antagonistes du couple de la pomme. On ne trouve que là, en art littéraire, cette impossible fusion des génies des deux sexes,