Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/41

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aucun « bizoin » de ce « glais ». Et on se le tint pour dit dans la Suprématie.

Il sied donc, et à tout prix, que Bruxelles au moins reste à l’étranger, et s’il faut qu’on se défende contre une si mortelle annexion, auteurs dramatiques de mon pays, à la grève et sauvez le dernier débouché qui nous reste ! Il ne s’ouvre en outre qu’à cinq heures de Paris, ce par quoi il est mille fois plus central que l’Odéon le mieux subventionné.

Comme à tous les camarades de syntaxe pour qui l’art dramatique relève encore de la littérature, l’honneur m’est plusieurs fois échu de produire l’un de mes essais devant le seul public accessible aux lettrés de notre langue. Les cloches de Sainte-Gudule ont sonné le baptême du feu à Herminie. La première en fut donnée au Théâtre du Parc, en plein avril, le 12 de l’an 1883, et nombre de boulevardiers éminents avaient fait le voyage, Albert Wolff entre autres, qui pourtant était de Cologne et ne pouvait pas me sentir.

Je ne me dissimule nullement, soyez-en sûrs, que si j’eusse été Belge, jamais je n’aurais été joué à Bruxelles, au Parc surtout qui est royal et municipal ensemblement. Il est vrai qu’alors les directions parisiennes eussent pris l’ouvrage les yeux fermés pour embêter les Francillons. Tout ici est question d’expatriation ; Maeterlinck, Verhaeren et Camille Lemonnier vous le diraient qui doivent non leurs talents, certes, mais leurs gloires à ceci qu’ils les ont jetées à la tête de leurs compatriotes, comme Scipion ses os, à la bêtise ingrate de Rome. Si l’excellent Heinrich Ibsen avait vu le jour à Batignolles, il était perdu pour la France. Né (malin) en Norvège, il vint