Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/42

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et vainquit sans coup férir. Ah ! ma chère, il est Scandinave !

Je profitai donc à Bruxelles de cette vertu d’exotisme, fondamentale qui est la base de toute critique un peu transcendante et la Wallonie me fut une odéonie moins lointaine. Or, fait incroyable, j’en dus l’aubaine à… mais lisez.

Il y avait à cette époque à la tête de la direction du « Parc » un vieux Delobelle, nommé Candeilh, qui après avoir incarné sans gloire les Agamemnons et autres « Bus qui s’avancent », s’était fait impresario chez Léopold. Il revenait de temps en temps revoir l’Odéon, son ubi Troja fuit et le monument de sa jeunesse. Il advint que La Rounat lui fit un tel éloge d’Herminie que, dans la même diligence où il était venu, ce malheureux courut à la Société des Auteurs retenir le droit de la représenter en Belgique. Il avait déjà traité pour Le Nom, bien avant la première, de telle sorte que, après icelle, il gémit de sa hâte et en contracta une demi-jaunisse. Mais il avait signé et il était fort honnête homme. Ce fut Adolphe Dupuis, confident de ses inquiétudes, qui m’en fit part et tout de suite, comme pour La Rounat, je le chargeai de libérer Candeilh de sa parole. Vous êtes un enfant, me dit le comédien ; au théâtre le seul honneur est d’être joué, par force ou par ruse et le prix de vertu est pour le succès. Du reste, ajouta-t-il, le sort en est jeté, demain nous déjeunons chez Sarcey. — Qui, nous ? — Vous, Candeilh et moi. Amenez des amis, il y aura douze couverts. Vous lirez la pièce au dessert. C’est convenu avec l’Oncle.

Je n’avais alors aucune raison plausible de bouder