Aller au contenu

Page:Bergerat - Théophile Gautier, 1879, 2e éd.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
SOUVENIRS.

« Je veux te dire aussi que tes amis, qui ne me doivent rien, qui auraient pu, bien à tort, mais enfin qui auraient pu, comme d’autres n’y auraient pas manqué, ne voir en moi qu’un adversaire, ont été parfaits pour moi. Grâce à eux, j’ai pu être malade avec tranquillité. Prétextes et raisons, le ministère républicain a tout trouvé bon pour m’aider à supporter la maladie. »

Ces paroles, tous ceux qui ont causé avec le poëte dans les derniers temps de sa vie les lui ont entendu répéter, et je puis ajouter que lorsque nous étions dans l’intimité, il se plaisait à constater que, pendant dix-huit ans, l’empire n’en avait pas tant fait pour lui.

Oui, sans doute, Théophile Gautier avec sa placidité orientale devait se rallier — ou plutôt se laisser rallier — au gouvernement qui promettait la paix à son pays. La paix n’a-t-elle pas été l’unique recherche de sa vie ? Mais son bonapartisme — si bonapartisme il y a — peut du moins revendiquer l’excuse et le bénéfice d’un platonisme sans exemple. Qu’on en juge.

Théophile Gautier, sous l’empire, a désiré être inspecteur des Beaux-Arts. Il ne l’a pas été.

Théophile Gautier, sous l’empire, a rêvé d’être conservateur d’une bibliothèque. Il ne l’a pas été.

Théophile Gautier, sous l’empire, espérait entrer à l’Académie française. Il n’y est pas entré.