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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/129

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de phrases dont la suppression rend l’ensemble incompréhensible ou absurde. Ainsi, dans la prière en ut mineur des flûtes et clarinettes, au milieu de l’allégro, l’arrangeur n’a pas vu que cette mélodie est un adagio écrit avec les signes de l’allégro dans lequel il est jeté ; qu’une ronde y représente toujours une noire, trois rondes liées et soutenues une blanche pointée, et que par conséquent il faut quatre mesures du mouvement allégro pour former une seule mesure réelle du chant adagio. Trouvant donc cette prière trop longue, et sans tenir compte de l’action contrastante qui se passe en même temps dans le reste de l’orchestre, votre arrangeur l’a tronquée de telle sorte qu’il est impossible à présent d’y trouver aucune espèce de sens ; il a enlevé des mesures isolées qui ne représentaient en réalité qu’un temps de la grande mesure du mouvement lent dans lequel la phrase se développe, et le rhythme, tombant à faux, amène nécessairement une conclusion aussi imprévue que stupide. C’est ce dont il ne s’est pas aperçu. Pour la coupure qui fait disparaître tout le grand crescendo de la péroraison, il est évident qu’elle détruit entièrement l’éclat de la rentrée du thème en fa majeur, qui ne reparaissait ni d’une façon aussi brusquement triviale, ni sans avoir passé par des transformations qui donnaient plus de force et de puissance au retour de l’idée primitive reproduite intégralement. Mais j’aurais trop à faire de suivre les traces des ciseaux ébréchés de mon censeur ; je me bornerai à protester de nouveau que la seule ouverture des Francs Juges, arrangée à quatre mains, que je reconnaisse, est celle que viennent de publier M. Richault à Paris, et M. Schlesinger à Berlin ; encore celle de M. Schlesinger, bien que gravée sur un